Corps morts innovants, ça vous parle ?
Vie pratique
Ce nouveau concept est à l’initiative du Parc Naturel Marin du Bassin d’Arcachon (PNMBA).
Le Parc Naturel Marin du Bassin d’Arcachon a été créé en Juin 2014 pour protéger les richesses naturelles de ce site. C’est le 6° Parc marin français. Il fait partie de l’Office Français de la Biodiversité depuis le 1er janvier 2020. Sa mission est de préserver la biodiversité animale et végétale de ce milieu naturel (150 km2) et entre autre les 4110 hectares d’herbiers dans lesquels évoluent différentes espèces animales comme les hippocampes. Le Bassin d’Arcachon compte 1/20° des mouillages en France dont 6500 mouillages sur corps morts (2000 en pleine eau et 1600 asséchants pour la commune de Lège Cap-Ferret) ce qui représente une proportion très élevée ; cette situation est au coeur d’une réflexion portant sur les enjeux relatifs à la préservation des écosystèmes. Afin de garantir un bon état des milieux et des richesses naturelles, le PM a engagé en 2019 une analyse globale et concertée avec les acteurs locaux pour rechercher des solution innovantes de mouillages. Elle vise à terme la réduction des impacts sur les herbiers de zostères, zone de reproduction animale, qui jouent un rôle primordial pour le maintien des équilibres écologiques du Bassin et pour la qualité de l’eau.Que reproche-t-on au corps morts traditionnels ?
Les corps morts traditionnels que nous connaissons depuis de nombreuses années se composent en règle d’une pierre de 750 kg à 1,2 T suivant les zones plus ou moins exposées au courant et d’une chaîne en moyenne de 18m. Cette chaîne s’altère en milieu marin et doit être changée au mieux tous les 3 ans et parfois en partie de façon plus rapide. La longueur de chaîne utilisée peut sembler importante ; mais il faut savoir que son rôle est essentiel dans l’amarrage du bateau : elle sert d’amortisseur alors que l’ancre ou la pierre au fond ne peut résister à elle seule en fonction du clapot et/ou des intempéries. Corollaire de cette situation, le phénomène du « ragage » susceptible d’altérer significativement les herbiers lors des évitements du navire avec la partie de la chaîne reposant sur le sol (jusqu’à 50 m2 par corps mort ce qui représente 32 hectares au total)Image : Parc Naturel Marin du Bassin d’Arcachon | https://www.parc-marin-bassin-arcachon.fr/
Quelles solutions ?
Des propositions ont été faites et évaluées depuis plusieurs années (2011) par des sociétés productrices dans différents bassins en fonction des spécificités locales en particulier en mer d’Iroise. Globalement le principe repose sur un système de flottabilité immergé qui permet de maintenir la chaîne en hauteur même à marée basse et/ou de réduire sa longueur ce qui limite le ragage sur les fonds.Image : http://www.corse-du-sud.gouv.fr
Image : INO-ROPE | https://inorope.com/
Image : Bretagne Plongée | www.bretagne-plongee.fr
Image : ETM MARINE | https://etm-marine.com/
En pratique
Dans le contexte actuel cette problématique nous concerne tous. Reste qu’il faut connaître la réalité des enjeux et ne pas se laisser emporter par un discours incantatoire plus théorique que pratique. S’il est louable de vouloir protéger les herbiers force est de reconnaitre qu’il n’y a aucune étude permettant de les localiser avec précision, et en particulier dans les zones concernées par le mouillage des corps morts. Et l’impact écologique des corps morts traditionnels sur les fonds sableux est clairement négligeable. Plusieurs éléments sont à considérer. Il faut savoir que le PNMBA accorde un budget de 880 000€ sous forme de subventions aux villes concernées par ces mouillages et qui s’impliquent dans cette évolution ; l’attribution se faisant au prorata du nombre de corps morts gérés par la commune, cela représente un pactole de 400 000€ pour la commune de Lège Cap-Ferret. Encore faut-il pour cela envisager le remplacement d’une part significative de mouillages traditionnels vers des mouillages à moindre impact écologique. Tous les projets doivent doivent être engagés avant la fin 2022 et l’intégralité des paiements soldés avant la fin 2023, date butoir pour le PLAN de RELANCE. Mais il y a une ambiguïté dans la mesure où ce n’est pas la ville qui achète les corps morts puisqu’elle a recours à un prestataire ; il faudrait donc que les choix puissent être faits suffisamment en amont pour que les sociétés prestataires concernées puissent faire leurs commandes adaptées. Il faut savoir aussi que certaines technologies peuvent impliquer des changements complets dans les infrastructures des prestataires en fonction des choix qui pourraient être faits. En particulier le recours à des technologies impliquant des câbles plutôt que des chaines peuvent nécessiter de laisser les câbles immergés ; d’où la nécessité de travaux sub-aquatiques pour l’instant complètement étrangers à nos pratiques. Si le prix de revient de ces nouveaux produits a pu représenter un frein à cette évolution, il ne semble plus un élément essentiel du fait de l’augmentation importante du prix de l’acier et de la nécessité de revoir les chaînes tous les 2 ou 3 ans. Au final, des choix restent à faire, mais les délais semblent difficiles à respecter si on veut espérer bénéficier de la manne de l’état dans cette opportunité. La municipalité va donc devoir se poser un certain nombre de questions avant le prochain appel d’offre : – faut-il renouveler tout ou partie du parc en corps morts à moindre impact écologique en fonction des zostères réellement à protéger. – quel choix privilégier quant au matériel qui conditionnera le prestataire compétent. – quels sont les aspects économiques à prendre en compte. Ph. Ballanger – P. DeymarieRéaménagement de la place jean Anouilh | Épisode 05
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